L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) vient de déclarer l'espèce Sympterichthys unipennis officiellement éteinte. Originaire d'Australie, ce poisson marin qui a la particularité de "marcher" avec ses nageoires, n'a pas été observé depuis 200 ans.
En janvier dernier, une étude a annoncé l'extinction de l'espadon chinois, un poisson endémique du fleuve Yang-Tsé-Kiang qui pouvait mesurer jusqu'à sept mètres de long. Disparue des radars depuis 2003, Psephurus gladius est devenue la première espèce à être déclarée éteinte pour la décennie 2020. Malheureusement, elle ne sera pas la dernière.
L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) vient de rajouter un autre poisson à la liste des disparus : Sympterichthys unipennis. Ce vertébré qui appartient à la famille des Lophiiformes était autrefois répandu au large des côtes de l'Australie et la Tasmanie dont il est originaire. Il a même fait partie des premières espèces de poisson scientifiquement décrites dans la région au début du XIXe siècle.
Il faut dire aussi que l'animal est insolite. Sa tête est coiffée d'une crête triangulaire semblable à une coupe iroquoise et son corps est doté de nageoires pectorales et pelviennes dont il se sert pour "marcher" dans les fonds marins. Au début des années 1800, le naturaliste et explorateur français François Péron a collecté un spécimen dans les eaux tasmaniennes afin de documenter l'espèce.
Depuis, ce poisson est devenu un spécimen unique. Malgré des recherches intensives, les scientifiques n'ont plus jamais réussi à observer Sympterichthys unipennis dans son milieu naturel, poussant finalement l'UICN à déclarer l'espèce éteinte.
Le premier poisson marin déclaré éteint durant l'ère moderne
Cette extinction fait figure de signal d'alarme pour la biodiversité. S. unipennis est en effet la première espèce de poisson osseux marin à être déclaré éteint durant l'ère moderne, d'après l'UICN. "Certains affirment que l'océan est trop vaste pour que la faune marine s'éteigne", a déclaré à Mongabay Jessica Meeuwig, directrice du Centre for Marine Futures de l'university d'Australie-Occidentale.
"Mais l'industrialisation de l'océan à travers la pêche, l'exploitation minière, pétrolière et gazière, le transport maritime et le développement des infrastructures, est en train de rattraper l'ampleur de l'industrialisation sur terre et avec elle, [vient] le risque d'extinction pour la faune sauvage marine", a poursuivi la spécialiste. Un risque auquel n'a pas échappé le poisson australien.
On ignore la cause exacte de la disparition de l'espèce. Mais les poissons de cette famille sont connus pour se disperser et se déplacer relativement peu, ce qui les rend particulièrement vulnérables aux changements qui surviennent dans leur environnement. S. unipennis aurait ainsi été poussé au déclin notamment par la perte de son habitat, les techniques de pêche destructrices et la pollution.
"Cette espèce en particulier a probablement été impactée, à la fois via une mortalité directe liée aux captures accidentelles et via une destruction d'habitat, par la vaste pêche au pétoncle qui est restée active dans la région durant le XXe siècle jusqu'à sa fermeture en 1967", note l'UICN sur le site consacré à sa liste rouge des espèces menacées.
D'autres espèces en danger
Si S. unipennis est le premier "poisson à mains" (en anglais "handfish") à être déclaré éteint, les spécialistes redoutent désormais que d'autres ne suivent le même chemin. Sur les 14 espèces répertoriées à ce jour, plusieurs se sont faites particulièrement rares ces dernières décennies. Quatre sont ainsi considérées comme menacées et trois sont décrites en danger critique d'extinction.
Parmi elles, figurent notamment le "poisson à mains rouge" (Thymichthys politus) dont la population ne compterait pas plus de 100 individus matures et le "poisson à mains de Ziebell" (Brachiopsilus ziebelli) qui n'a pas été observé depuis 2017. D'après l'UICN, cette dernière espèce aurait connu un déclin de plus de 80% de ses effectifs au cours des trente dernières années.
"L'histoire de Sympterichthys unipennis devrait nous stopper et nous faire réfléchir longuement et sérieusement sur le prix que nous sommes prêts à payer pour nos produits de la mer et sur ce que implique la notion de pêche "durable"", a réagi dans une publication Daniel Steadman, spécialiste de l'organisation Fauna & Flora International qui oeuvre pour la conservation de la nature.
"Les poissons comme S. unipennis sont l'élément vital de notre océan. Nous devons prioriser les efforts pour lutter contre les conséquences des méthodes de pêche destructrices et s'assurer que d'autres espèces ne subissent pas le même sort", a-t-il conclu.
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